Monday, April 2, 2007

Autre Sud, nº28

Soleil cigales
le lézard du souvenir bondit
et c'est furtif entre tes ombres
le passé perdu des provences pauvres

tu écrivais sous le figuier
sur la table usée de rotin bancal
dans la campagne abandonnée
et l'importance de parler
dans le bleu hébété tentait de t'emporter
à brides lâchées à encrier ouvert

où une mouche
finissait toujours par tomber
et noir sur noir vibrionnait
comme confus tes jeunes mots
dans l'ouverture d'un monde plein

mais maintenant que la table
et le jardin sont un peu mieux
mais maintenant que tu peux
en lui en toi ailleurs
presque tout lire à livre ouvert

seule t'affronte amère et sûre
jour après jour en son contraire
et jusqu'au noir plus noir que l'encre
l'autre importance de se taire.

Se taire


Très bien
vous le voulez
mutilez-vous de la musique
mutilez-vous de la parole
à jamais vous la perdrez
la rouge gloire de l'offrir

n'est-ce pas qu'en septembre
le soleil se pâlit
n'est-ce pas qu'en vos chambres
sexe ouvert dans son lit

la femme folle de force dort
ah fatigue et mutilation
écoutez bien dans vos maisons
comme immobile agonise

la fin du temps et des passions
tout meurt et tombe plus qu'à Venise
tumeurs et tombes des nuits grises
écoutez écoutez et butez

à vos bouches trop creuses
à vos mots que la mort
en cuir noir sodomise.

Sodomise


Lucifer a peu
de courage tendre
au milieu du feu
il suffit d'attendre

la douleur a peu
de ciel bleu à vendre
le bonheur ne veut
qu'aux flammes descendre

vivre sans un dieu
pourrait se comprendre
le corps amoureux
ne veut que s'étendre

tous les jours qui peut
sans son âme rendre
souffrir ce que veut
aimer et comprendre

la mort aux yeux creux
aime tant les cendres
qu'on voit au fond d'eux
les hommes l'apprendre.

Apprendre.


Jean Pérol, In Autre Sud, nº28

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